Alors que l’air se refroidit et que la neige s’installe, nous accueillons l’Élément Métal en Médecine Traditionnelle Chinoise. Cet élément est lié aux méridiens du Poumon et du Gros Intestin, qui nous apprennent à recevoir ce qui nous nourrit véritablement et à relâcher ce dont nous n’avons plus besoin.
Sur le plan physique, un Qi du poumon équilibré soutient une respiration saine, une bonne immunité, ainsi que la clarté de notre peau et de nos muqueuses. Le Gros Intestin aide le corps à libérer les déchets et à maintenir un espace intérieur ouvert et fluide. Les deux représentent l’échange : accueillir la vie à chaque inspiration, et relâcher ce dont le corps, l’esprit ou le cœur n’ont plus besoin de porter.
Sur le plan émotionnel, cet élément est lié à l’attachement, au deuil et aux limites. Comme les poumons rencontrent le monde extérieur à travers l’air que nous respirons, et que le côlon relâche ce qui n’est plus utile, notre vie émotionnelle passe elle aussi par des cycles de connexion et de lâcher-prise. Lorsque l’élément Métal est harmonieux, nous pouvons nous ouvrir aux autres de manière authentique, tout en sachant nous retirer lorsqu’une page se tourne ou qu’une situation n’est plus alignée avec notre bien-être. Nous pouvons honorer ce qui a été, ressentir la douceur naturelle de la tristesse, puis laisser aller.
Lorsque l’élément Métal est bloqué, nous pouvons avoir du mal à lâcher prise. Le deuil peut rester figé plutôt que se transformer. La poitrine ou la gorge peuvent sembler serrées, la respiration plus courte, les soupirs plus fréquents. La tristesse ou l’inquiétude peuvent émerger plus facilement. Certaines personnes se sentent plus sensibles, plus critiques envers elles-mêmes, ou plus sujettes aux larmes. Dans le corps, ce blocage se manifeste souvent par une tension dans le haut du dos et les épaules, particulièrement le long des omoplates. Cette zone contient des points liés à la libération émotionnelle, ce qui explique pourquoi cette tension peut persister même après un massage ou des étirements. Quand l’émotion n’a pas encore été reconnue, le corps la retient.
Il est essentiel de se rappeler que le deuil en soi n’est pas un problème. Ressentir fait partie de l’humanité. Le défi apparaît seulement lorsque l’émotion n’arrive plus à circuler. Parler à quelqu’un en qui l’on a confiance, écrire, créer des petits rituels personnels de libération, ou simplement s’asseoir dans la respiration et le silence peut permettre au cœur de s’assouplir. Même une respiration lente et consciente peut alléger la charge portée par les poumons. En pratique, il est courant de voir que ceux qui ont du mal à lâcher émotionnellement peuvent aussi connaître de la constipation ou des symptômes respiratoires persistants. Le corps reflète le cœur.
Avec le changement de saison vient aussi un changement dans notre alimentation. L’automne appelle des plats plus chauds et réconfortants, plutôt que les aliments légers et rafraîchissants de l’été. Les légumes racines deviennent nourrissants lorsqu’ils sont rôtis, mijotés ou cuits lentement. Les saveurs légèrement acidulées peuvent soutenir le Poumon et le Gros Intestin : pain au levain naturel, agrumes, légumes fermentés, yaourt, infusion d’églantier, et autres aliments subtilement aigres. Les traditions reconnaissent également que plusieurs aliments blancs soutiennent les poumons, comme l’oignon, l’ail, le chou, le daikon et la poire.
Pour ceux qui ressentent de la sécheresse dans la gorge, la peau ou les poumons, des aliments qui humidifient peuvent être apaisants : tofu, tempeh, orge, millet, poires, pommes, algues, épinards, amandes, pignons, sésame. Dans les cas de sécheresse plus profonde, de petites quantités de produits laitiers de chèvre ou de brebis peuvent offrir un soutien doux. À l’inverse, les aliments qui assèchent comme le café fort, les piments très piquants et les épices chauffantes sont à consommer avec modération si le corps se sent tendu ou irrité.
Tout aussi important que ce que nous mangeons, c’est la façon dont nous mangeons. Si nous mangeons en vitesse ou en étant distraits, le corps ne peut pas vraiment recevoir ce que le repas a à offrir. La relaxation ouvre la porte à la digestion. Prendre un moment pour respirer avant de manger, mâcher avec présence, savourer ce que l’on reçoit, transforme l’acte de se nourrir.
L’automne nous invite doucement à regarder ce que nous retenons encore. Qu’est-ce qui nous nourrit toujours? Et qu’est-ce qui a déjà fini son rôle dans notre vie? Comme les arbres qui laissent tomber leurs feuilles, laisser aller n’est pas une perte d’identité. C’est un retour à l’essentiel, afin de faire place à ce qui vient.
Lorsque nous respirons profondément, ressentons avec honnêteté et relâchons pas à pas, nous revenons à nous-mêmes avec plus de clarté et de douceur. C’est le cadeau silencieux de l’élément Métal : le rappel que laisser aller n’est pas effacer ce qui a compté. C’est l’honorer, puis créer de l’espace pour ce qui nous fera grandir.